Voeux 2020 - « Le doute est le commencement de la sagesse » Aristote

Publié dans Actions diverses

En ce 17 janvier 2020, Serge Hustache, Président du Collège provincial, se veut rassembleur dans son discours de nouvelle année adressé aux agents provinciaux et aux forces vives hainuyères. Pour lui, les différents niveaux de pouvoir doivent dépasser leurs clivages et évoluer vers de réelles synergies pour mieux servir le citoyen. En effet, plus aucun niveau de pouvoir ne détient la vérité absolue.

« Nous avons toutes les raisons d'être fiers de l'action que mènent la Province de Hainaut et ses 10.000 agents. Malgré les difficultés, jamais nous n’avons procédé à des restructurations ni remis en question des acquis sociaux. Premier des pouvoirs locaux en Wallonie, nous affichons un taux de statutarisation de 70%, des finances saines et un budget en boni depuis plus de 10 ans maintenant ! 

Mais, indépendamment de ces chiffres, c'est surtout sur le terrain que notre action puise sa légitimité et sa pertinence :

L’urgence climatique ? Dans les 5 années à venir, la Province injectera 20 millions d'euros pour des projets d'économie d'énergie dans ses bâtiments. Mais aussi, une Assemblée provinciale des Jeunes à laquelle nous avons dédicacé un budget afin de transformer ses légitimes colères en autant de projets concrets.

La culture ? Si elle est mise à mal au nord de notre Pays, la Province, pionnière en la matière, soutient des projets culturels de grande qualité et a fêté ses 100 ans de politique culturelle.

L’écodéveloppement territorial ? C’est un engagement concret auprès du monde agricole qui en a tellement besoin, particulièrement ici, à Ath, au cœur du Pays Vert.

L’action sociale ? Couplée avec le secteur de l'enseignement, cela représente plus de 60 % des moyens propres de notre budget. Avec une attention toute particulière aux personnes porteuses d’un handicap.

Le sport ? Un exemple tout récent, une nouvelle salle de sport devrait bientôt sortir de terre à l’IPES Ath. Un projet qui sera aussi accessible aux associations sportives des villes d’Ath et de Chièvres.

L’enseignement ?  Un enseignement de très grande qualité qui offre à nos jeunes toutes les clefs pour s’épanouir dans leur futur métier.

Plus sérieusement, si nous avons donc toutes les raisons d'être fiers de l'action que nous menons, nous devons aussi être conscients de l'exigence d'un changement, que les modes de pensée et de gouvernance traditionnels ont montré leurs limites.

La Province de Hainaut n’échappe pas à cette nouvelle donne et certains exigent une modernisation, une évolution, une nouvelle gouvernance.

Mais sincèrement, je pense que la très grave et funeste erreur qu'ils commettent, une erreur fondamentale, c'est de ne pas comprendre ou feindre de ne pas comprendre, que cela les concerne aussi.

Nationalisme, confédéralisme, régionalisme, provincialisme, municipalisme……c'est bien tous les "ismes" qui sont aujourd'hui en crise.

Que ce soit à la Province ou ailleurs, les réalités de la société contemporaine réclament des politiques en rupture avec les vieilles doxas ainsi que l’émergence  d’idées créatrices, audacieuses et novatrices.

Et la supracommunalité est une des réponses à cette foi en l'avenir et à ces grands défis de demain. La Province y consacre chaque année 18 millions d’euros pour aider concrètement les communes dans des projets ou dispositifs précis.

Nous sommes aujourd’hui de plus en plus sollicités pour intervenir dans une série de domaines très éclectiques. Et notamment pour « soulager financièrement les communes » - expression tirée de la nouvelle DPR - en assumant, d'ici 2024, le financement total des zones de secours.

Le problème est que c'est beaucoup d'argent ! On ne parle ni plus ni moins que de plus de 240 millions pour les cinq provinces wallonnes et de 91 millions rien que pour le Hainaut !

Ce serait là le prix pour que les Provinces deviennent le principal acteur de la sécurité civile en Wallonie.

Quelle est la pertinence de cette option ? Je pense qu'il serait beaucoup plus judicieux que nous apportions et renforcions nos moyens et notre expertise là où nous sommes vraiment les plus efficaces et où nous apportons une vraie plus-value. Je pense ici aux dispositifs de formation dans le champ de la sécurité civile, à l'Ecole provinciale de Police ou encore à l'Ecole du Feu. 

André Görtz, le pape de l'écologie politique et cofondateur du Nouvel Obs, avait l'habitude de dire que l'on ne gère pas par décret.

On ne gère en effet pas le nez collé sur des dossiers, des chiffres, des rapports et des règlements. Aucun texte, que ce soit un plan stratégique provincial ou une déclaration de politique régionale, ne doit être une Bible figée pour l’Eternité.

Il n’y a pas une seule vérité mais il y a des réalités dont il faudra tenir compte.

Notre avenir dépendra donc de notre disposition à engager, entre la Province, la Région, les Communes et la Fédération Wallonie-Bruxelles, un dialogue dépassionné, constructif et respectueux. Mais il dépendra, aussi et surtout, de notre aptitude à nous affranchir de ces réflexes archaïques,  vestiges du vieux monde politique, qui contribuent encore trop souvent à nous laisser enfermer dans la forteresse de nos certitudes.

Aristote  disait que  « le doute est le commencement de la sagesse ».

Alors soyons peut être un peu moins politique et un peu plus philosophe.

Nous ne pourrions qu’y gagner en sagesse et donc en efficacité…

SERGE HUSTACHE

Dernière modification le vendredi, 17 janvier 2020 12:05
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