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Paul Sobol, ancien déporté, témoignait à l'IESPP

Publié dans Enseignement

Ce lundi 30 mars, les élèves de 2ème et 3ème de l’IESPP  à Tournai ont eu l’immense honneur et privilège d’accueillir Paul Sobol, 88 ans, ancien déporté rescapé des camps de concentration. Il est venu témoigner de son passé et de sa déportation durant la Seconde Guerre mondiale. Un moment attendu par les élèves qui avaient été bien préparés à la venue de ce grand Homme.

 « Témoigner c’est raconter sa vie », il n’y a pas de phrase plus belle pour commencer !

 C’est avec ces mots que Paul Sobol accrocha son auditoire, dévoué à son histoire et respectueux de son passé. Né à Paris le 26 juin 1926, dans une famille juive, d’un père ouvrier et d’une mère au foyer russe, Paul Sobol n’est pas à la recherche de reconnaissance. Il ne demande qu’à être un passeur de mémoire et à partager son histoire. La normalité des applaudissements, il n’en a que faire, pour lui, ce n’est pas un travail de témoigner mais un plaisir et un devoir. Depuis 1987, ce funambule de la société, passe par une cinquantaine d’écoles par an afin de montrer aux plus jeunes ce qu’était le passé en temps de guerre.

« Vous êtes assis mais moi je resterai debout tout le long de mon témoignage », comment comprendre cela ? Rien de plus simple, juste la preuve et la marque d’un Homme au bien-être et à la condition mentale et physique irréprochables. Après tant de péripéties, de chagrin, d’émotions et à la suite de sa déportation, tout aurait laissé à croire que ce Monsieur aurait baissé les bras. C’est sans compter sur sa mentalité de fer, sa pensée de vainqueur et l’espoir de s’en sortir et de toujours faire mieux même si cela doit avoir un certain prix. Il reste aujourd’hui l’un des rares survivants à rester debout pour faire ce travail de mémoire. Ayant connu Auschwitz, les camps de déportation, les trains de marchandises pendant des nuits et des jours, Paul Sobol n’a jamais voulu abandonner. L’espoir de s’en sortir et d’échapper à tout cela demeurait intacte au fond de lui. La phrase emblématique qu’il a connue à Dachau et à Auschwitz, « Arbeit macht frei », résume à elle seule la philosophie de cet être dévoué à sa liberté. Après être passé par l’esclavagisme et la torture des camps, Paul Sobol, à son retour en Belgique, a retrouvé sa liberté et a connu la réussite dans sa carrière professionnelle.

« J’ai toujours accepté de gagner moins pour en apprendre plus », mais à quel prix Paul Sobol respectait-il ses mots ? Auschwitz Birkenau a forgé sa mentalité et son caractère. Nourri d’une tasse de café, d’une soupe et d’un morceau de pain par jour, Paul Sobol aura appris à souffrir pour avoir un minimum. Un état d’esprit qu’il gardera dès son retour à Bruxelles. Après tant d’horreur, il s’est démené pour s’en sortir. Il a retrouvé son amour de toujours, Nelly, connue avant son enlèvement par les Allemands. Mais à quel prix, une fois de plus ? Étant juif, il a dû se faire baptiser à l’église pour gagner la main de Nelly après avoir gagné son cœur.

« À l’époque ce n’était pas comme aujourd’hui, on n’avait pas de gsm, tablettes ou ordinateurs, ce n’était pas pareil », un rapport au passé et au présent ressenti tout le long de son témoignage. Une façon de montrer aux plus jeunes la réalité de la vie et l’essentiel. Quand on a connu le pire, il faut se réjouir du meilleur et accepter ce qui nous arrive. Continuer à avancer et ne jamais lâcher l’affaire. Paul Sobol aura réussi à transmettre des émotions.

« À ce moment-là, je savais que je ne reverrai plus ma mère », comment ne pas être pris aux tripes et rester insensible à ces paroles. Ce n’est que preuve de la sensibilité des émotions et des sentiments que dégage Paul Sobol lors de son récit. La perte de sa famille a marqué le jeune homme qu’il était et cette épreuve supplémentaire lui aura permis comme toutes les autres de se battre et d’avancer. Par son parcours de déporté, entre l’entassement dans les trains, vêtements de bagnards à Auschwitz, dur labeur, soumission et difficultés de rentrer au pays, ce déporté devenu expert en campagne publicitaire au cours de sa carrière d’après-guerre aura laissé, à jamais, une trace dans l’esprit de tous ceux qui l’ont rencontré.

 

 

 

Dernière modification le mercredi, 01 avril 2015 13:33